8 Septembre 2025
Apprivoiser la microaventure (ou l’art de bivouaquer à proximité)

Pourquoi la microaventure?
Ayant découvert le camping sur le tard, je ne peux me targuer d’en être une grande amatrice — j’en suis encore à mes débuts. Si je parviens maintenant à mieux distinguer ce qui me plaît et ce qui m’agace quand je troque mon lit pour une tente, il reste un irritant : la préparation. Je la trouve longue, fastidieuse et un peu anxiogène. Même avec ma liste d’items indispensables (mon arme contre l’oubli d’un élément crucial), je sens que le stress de l’organisation tue la spontanéité.
C’est de là qu’est née l’idée de la microaventure : augmenter mon ratio “coûts/bénéfices”, vivre quelque chose de marquant, mais court et simple. Avec l’idée un peu saugrenue de me sentir dans un monde parallèle l’instant d’une soirée.
Un départ sans tambour ni trompette
Après avoir repéré mon spot de rêve, j’ai convaincu un ami habitué de ce genre de projets “de semaine” un peu hors normes de m’accompagner. Tel un vin ordinaire qu’on débouche un jeudi soir, nous sommes partis sans attente, avec une naïveté assumée.
Cette fin août nous a gâtés : 24 degrés jusqu’au coucher du soleil, lumière dorée sur les champs, et une absence de vent pour pédaler confortablement en tenue estivale. Un modeste trajet de 37 km sur un ancien chemin de fer converti en piste cyclable, sur la rive sud de Québec, nous a menés à un endroit parfait pour bivouaquer. Après un détour par un chemin de gravier, près d’une vieille gare désaffectée, un petit sentier nous a guidés vers un site dégagé équipé d’un abri, d’une table à pique-nique et de bancs de bois.

Qui a dit qu’il fallait partir loin et longtemps pour vivre une aventure? Par définition, partir à l’aventure, c’est plonger dans l’inconnu. Le ciel étoilé, traversé par une voie lactée timide mais bien présente, enfin libérée des lumières urbaines, et le bruit apaisant de la rivière voisine ont suffi à nous rappeler le privilège d’être là, maintenant. Toutes les conditions de l’aventure étaient bel et bien réunies. Nous avons donc conversé et refait le monde jusqu’aux petites heures, devant une tisane réconfortante dont la chaleur contrastait avec la fraîcheur de la nuit. Rares sont les fois où l’on s’accorde autant de temps pour savourer l’instant. Cette nuit-là fut l’exception — et c’était ressourçant.

Voyager léger : la préparation minimale
Le principe était clair : partir après le boulot et revenir avant la journée suivante. En somme, prendre des vacances… sans prendre congé. Ce qui rend la microaventure si attrayante, c’est que la météo a rarement le temps de nous jouer des tours : on décide, on part, point.
Côté matériel, j’ai misé sur l’essentiel pour bivouaquer : bivy bag, sac de couchage, matelas, sac de soie et oreiller gonflable. J’y ai ajouté quelques “au cas où” (mon statut de néophyte oblige) : vêtements chauds, trousse de toilette minimaliste, lampe frontale et déjeuner rapide.
Comme toujours, il y a eu des objets superflus — mon petit luxe personnel — et des oublis. Rien de dramatique, mais la marge d’optimisation existe. Était-ce plus rapide à préparer qu’un camping de plusieurs jours? Pas vraiment. Mais cette première fois optimisera grandement les prochaines.

Trouver le bon endroit
Je recommande des lieux gratuits et simples, pour ne pas se compliquer la vie. L’essentiel est de trouver un endroit où l’on dérange le moins possible — et où on risque peu d’être dérangés. La règle du “sans trace” s’impose évidemment. Le but : passer inaperçu, profiter de la nature et surtout, ne pas laisser une mauvaise réputation aux prochains bivouaqueurs.

Ce que j’ai appris de cette première fois
- Le départ est plus important que la destination : il suffit de franchir la porte pour que l’aventure commence. Parfois le voyage commence juste au bout de la rue.
- Voyager léger est un art qui s’apprend — chaque sortie affine la liste des essentiels.
- Toujours prévoir des vêtements en conséquence qu’il fera un peu plus froid qu’annoncé.


Idées de micro-aventures faciles près de Québec
- Longer un tronçon de piste cyclable et bivouaquer dans un boisé discret, éloigné des quartiers résidentiels.
- Rouler vers un parc national à proximité et camper dans une zone limitrophe à celui-ci.
- Explorer des rangs de campagne et trouver un abri improvisé en bordure de ces derniers.
(ces exemples restent adaptables selon la saison et les envies)
Le goût du retour
Après une courte et fraîche nuit, certes, nous avons savouré des yeux le paysage enveloppé dans la noirceur la veille, devant une tasse de café. Puis, nous avons repris la route en même temps que le soleil s’élevait dans le ciel dépourvu de nuages.
Quelques heures plus tard, mon ami m’a partagé cette citation de Grant Peterson, tiré de son ouvrage Just Ride : pour ceux et celles qui aiment le cyclotourisme mais n’ont pas toujours le temps pour de longues randonnées de plusieurs jours, l’auteur recommande le S24O (Sub 24-hour Overnight).
« Les moments où je m’amuse le plus à vélo, c’est lors de petites sorties de camping d’une nuit dans les collines avoisinantes. Je les appelle des “escapades de moins de 24 heures” (Sub 24-hour Overnights), et les miennes durent en moyenne seize heures, typiquement de 17 h 30 le soir à 9 h 30 le lendemain matin. J’en ai fait plusieurs en solo, mais les plus belles restent celles partagées en bonne compagnie. »
Dans le fond, l’aventure prend le sens qu’on choisit de lui donner et elle commence dès qu’on franchit le pas de sa porte. Et vous, quand oserez-vous franchir le vôtre?
